jardin
En faisant brûler le gros tas de branchages mis à sécher depuis l'automne dernier, en me laissant envelopper par la fumée blanche et le craquement des flammes, je rêvais à ce que pourrait être mon jardin. Tant d'envies et si peu de temps. Une autre terrasse là, quelques buis ici, et puis des parterres de fleurs, des jonchées de couleurs. Un bassin peut-être, et d'énormes jardinières en terre bleue vernissée. Je rêve à cet espace reconstruit différemment pendant que je me bats contre la glycine qui cannibalise les rhododendrons, contre les lauriers devenus monstrueux, contre les ronces, qui, au fond du jardin, croient que je ne les vois pas et n'en font qu'à leur tête. J'ai commencé à travailler, et mes muscles endoloris me rappellent à ma petite réalité, à ce que je peux et ne peux pas, à ce qui est du domaine du possible et à ce qui restera chimère. Tant pis, je continuerai à essayer d'imposer ma volonté à ce jardin trop grand qui me nargue, et mes mains griffées témoigneront encore de mon obstination rageuse.