première flambée
La soirée se glissait dans les bleus du ciel virant au violet marine. Il faisait froid, j'étais fatiguée et ai craqué l'allumette pour la première flambée de l'année. Le poêle s'est réveillé, s'est mis à ronfler doucement, diffusant dans la maison sa tiédeur sèche. Premier feu de l'année, que je regardais brûler en décortiquant l'amalgame de sentiments qui me tenait. Plaisir d'être là, si bien dans la chaleur du feu, dans sa lumière dansante, dans sa musique de buches craquantes. Et nostalgie aussi des beaux jours si vite enfuis, de cet été bien terminé. Je ne sais que trop, déjà, que l'hiver sera long et froid et sombre, qu'il y aura si peu de lumière dans des journées si courtes. La maison, les enfants, tout me paraissaitt soudain trop lourd. La fatigue accumulée depuis une semaine avec mon invitée, enchainant les soirées trop longues avec les réveils, quoi qu'il arrive, à six heures du matin, se faisait sentir là, devant le poêle dont la chaleur m'engourdissait, m'enveloppait comme une couverture douce, comme des bras aimants.