Un lundi de Pâques
Il me fallait couvrir pour le journal une grosse compétition cycliste. Moi qui n'aime ni le vélo ni la compétition. Par contre j'aime découvrir de nouveaux univers, le monde des autres, parfois cocasse, parfois touchant. Mais là rien de cocasse ni de touchant, je ne parvenais pas à me laisser toucher par cette effervescence, ces sponsors débités au micro, ces panneaux publicitaires criards, ces coureurs sur-équipés, le regard caché derrière des lunettes noires. Peut-être, simplement, que je déteste ne pas voir le regard des gens. Alors quelques photos, quelques infos et je me suis éclipsée, doucement, ma besace contre la hanche. Ca s'appelle filer en douce, et j'avais l'impression de faire l'école buissonnière, de m'offrir une tranche de liberté entre deux épreuves contre la montre. Chaos de Quémelin, perdu dans sa verdure. Jamais personne ici, la plus parfaite solitude et les rochers moussus pour installer ma boîte d'aquarelle. L'eau qui court, le soleil qui danse. Je suis une sauvage, c'est un fait certain...