Alain Thomas
C'était samedi dernier, un samedi tout gris et mouillé qui trimballait sa mauvaise humeur en traînant les pieds. Le ciel était si bas que les nuages s'accrochaient aux pignons des toits, et dégoulinaient d'une petite pluie glacée. Mais sous les toits, il y avait les murs, et sur les murs...
... sur les murs du minuscule village de Henon s'était installée une jungle pleine de toucans et de flamands roses (oui, des flamands roses dans la jungle, ça s'appelle la liberté de l'artiste), de feulements et de couleurs, et puis des tigres et des enfants, des cascades et des toits sous la neige, et puis des éléphants, des ciels orange et des lézards montant le long de troncs turquoise. Il y en avait partout, dans les rues, sur les murs, et tout d'un coup le gris n'existait plus, il n'y avait plus d'hiver, ou alors il n'était que glissades rieuses au-dessus d'un lac gelé et gros flocons tombant sur une famille de babouins. Les couleurs semblaient exploser dans la rue, se répondre, comme un écho. Et les passants, d'un coup, retrouvaient le sourire de leurs cinq ans. C'était l'endroit parfait pour passer un samedi gris et froid. Si vous avez la chance d'être en Bretagne, lachez tout, allez-y ! C'est à Henon, au sud de Saint-Brieuc, jusqu'à la fin du mois de février, ce sont les peintures d'Alain Thomas et c'est mieux qu'une cure de vitamine C !