combat
Le début de soirée s'installait paisiblement dans les rues. Mon tout petit village se préparait pour la nuit, comme un chat ronronnant pliant ses pattes sous lui avant de fermer les yeux. Il n'y avait plus que les hirondelles dans la rue quand ils sont arrivés. Ce sont d'abord les garçons, bien sur, qui les ont entendus, quelques coups de mitraillette auxquels ont tout de suite répondu d'autres tirs, plus loin, prés de l'église. Des hommes en armes, des militaires, casqués, camouflés, ont envahi la petite place devant la maison, faisant taire d'un coup les hirondelles. Puis les camions sont arrivés, d'autres hommes, des cris, des appels. Je me suis rappelé que l'exercice avait été annoncé, qu'il s'agissait de jeunes officiers de l'école de Saint-Cyr Coëtquidan venus "sécuriser" le village. Je l'avais oublié sitôt lu, pas du tout attirée par ce genre de spectacle, négligeant même d'en parler aux enfants, n'imaginant pas l'intérêt qu'y porteraient certains des garçons, qu'ils ne parleraient que de ça durant la soirée, comparant les armes jusqu'à ce que je leur demande d'arrêter. Fascination des jeunes mâles pour tout ce qui touche à la guerre, et combat perdu d'avance entre une maman qui essaie juste de convaincre avec des mots et une poignée d'hommes en armes courant dans la rue en criant des ordres.