Partir, revenir...
Cette impression étrange d'être partie une éternité, et en même temps de n'avoir été absente que le temps d'un battement de cil. Le jardin explose de couleurs, le vieux noyer déplie une à une ses larges feuilles duveteuses, quelques nichées se font bruyantes au-dessus du chèvrefeuille, la lumière a un peu forci, mais sinon tout est pareil. Si je n'avais ce carnet ventru, bourré jusqu'à la gueule de croquis, d'aquarelles, de petits mots et de rigolades, je pourrais me demander si tout celà n'a pas été seulement un rêve, si ces deux semaines, ces deux stages, ont vraiment existé, si ces températures de plomb fondu (46°...), si le petit rosé servi avec le sourire par Mustapha ("alors les gazelles, vous avez passé une bonne journée ?"), si ces jardins aux fontaines glougloutantes, ces ruelles aux parfums d'épices, ces souks aux mille trésors, si ces retrouvailles, ces rencontres, ont tout simplement existé ou bien si ma mémoire me joue des tours et invente, et rajoute encore des couleurs aux couleurs. Mais non, tout est là, dans mon carnet, je vous montre tout ça très vite...