samedi d'automne
C'est bien là tout le charme de la saison, ces petits moments tendres que l'on s'offre à soi-même, ces pauses paresseuses dans la maison redevenue tanière. L'automne a toujours pour moi un goût particulier, plus encore depuis que je consacre l'été et la plus grande partie du printemps et de l'automne à mes stages. Je suis alors toujours partie, et ma maison tient dans ma (toute petite) valise. Je travaille, travaille et travaille, le rythme est soutenu, les groupes se suivent, les carnets de voyage se remplissent. Aussi, quand vient la fin du dernier stage, quand je retrouve pour de bon ma maison, mon atelier, ma chambre inondée de lumière, il me faut réapprendre à ralentir, à trouver un nouveau rythme pour les mois à venir, plus doux, plus lent. Je m'interdis alors de travailler le week-end, et même si je ne respecte pas toujours cette règle que je m'impose, du moins je veille à ne pas reporter ces moments si doux qui me font tant de bien.
Alors, aujourd'hui, en rentrant du très joli spectacle de la comédienne Camille Garcia autour de l'expo "l'Art en Boîtes" (elle circule en ce moment dans les Côtes d'Armor, si vous en avez l'occasion n'hésitez pas à aller la voir !), j'ai souri en regardant le ciel gris et maussade et la pluie tomber bientôt, c'était parfait, vraiment parfait. Le temps d'aller ramasser dans l'herbe une dernière poignée de noix, de préparer une fournée de madeleines à la cannelle, de choisir mon thé du jour, il ne me restait plus qu'à goûter ces heures que je m'offrais, ces heures lentes, précieuses, et à savourer le silence et ma lecture du moment ("les raisins de la colère", de John Steinbeck, comment se fait-il que je sois restée si longtemps sans lire cette merveille ?). Comment donc le disait le vieux Mowgli ? "Il en faut... peu pour être heureux"...