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vivre en Bretagne
8 janvier 2020

noir comme Velickovic... et une leçon de jonquilles

C'était une journée entre copines, une petite virée vers l'ouest pour aller voir, à Landerneau, l'exposition Velickovic à la Fondation Leclerc. Une sortie à Landerneau est toujours une bonne idée, mais si je ne rate jamais la "grande" expo estivale il est plus rare que j'aille voir celle de la saison sombre et c'était là l'occasion parfaite. Sauf que. Corps déchiquetés, nature saccagée, visages énucléés hurlant leur douleur, tellement, tellement de violence. Peintures immenses, en noir, en rouge, mais des noirs et des rouges salis, meurtris, peintures immenses s'appelant  "expérience rat" ou  "paysage aux oiseaux morts" qui me hurlaient leur agonie, s'accrochaient à moi de toutes leurs griffes. Je suis sortie, presque en courant. Ai respiré longuement, regardé le ciel d'un gris très doux, un peu nacré. Y suis retournée, suis resortie. Je voulais voir, il fallait que je voie, mais je ne pouvais pas, alors j'ai rusé. Trois, quatre tableaux regardés vite, vite, comme en apnée, avant de retourner prendre une grande goulée d'air. Dehors des goélands glissaient leur ventre blanc sur la nacre du ciel, dedans des corbeaux déchiquetaient les chairs. J'ai tout vu, hâtant mon pas vers la sortie. Refusé poliment les explications que les guides me proposaient. Non, non, je ne veux pas savoir, voir est déjà presque trop...

Ensuite, que faire pour changer la couleur de la journée, comment apaiser ces ombres menaçantes, privées d'espoir ? La mer, bien sur. Aller marcher au bord de la plage, regarder la ligne de l'eau si calme avancer sur le goémon laqué. Respirer en grand, laisser le regard partir tout au bout de l'horizon, sentir les battements de son coeur s'apaiser. Puis découvrir au-dessus de la plage une brassée des premières jonquilles qui se poussaient du coude en rigolant. La vie était là, bien évidemment. Une petite leçon de jonquille jaune pétant qui ne se prenait pas au sérieux et se balançait en chantonnant. Si je n'avais pas été aussi secouée par la noirceur de Velickovic, aurais-je seulement entendu la comptine des jonquilles sur leur bout de lande salée par les vents du grand large ?

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Commentaires
S
Je crois bien que pour rien au monde je ne m'infligerais ce genre d'expo.
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S
Les jonquilles !<br /> <br /> Chaque année les toutes premières me procurent la même joie, la même émotion.
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E
Je suis allée survoler sur Internet quelques oeuvres de Velickovic, et comme je comprends ta panique, comment peut-on peindre de telles horreurs ? Cet homme devait avoir le cerveau vraiment dérangé pour raconter de telles histoires.....<br /> <br /> Comme toi quand je ne vais pas bien, c'est la mer - dont je suis malheureusement trop loin - la nature, les arbres qui me calment et me redonnent de l'énergie en même temps... il ne faut pas supporter le malheur des autres, il faut être en paix avec le sien et continuer à vivre....
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C
J'ai eu le même sentiment il y a quelques années devant les sculptures géantes en cire rouge d'Anish Kapoor qui évoquent des carcasses, des organes et morceaux de chair sanguinolents... pas à l'aise du tout du tout, il m'a fallu un petit temps d'adaptation. Brrrr...
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E
Exactement, on retrouve toujours la sérénité dans la nature... je comprends très bien ce que tu as ressenti en parcourant cette expo.. je me suis souvent trouvée dans cette situation... impossible !
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