Premier samedi d'octobre
C'est le premier samedi d'octobre, et la chaleur de four d'hier est devenue de la pluie qui, derrière les fenêtres, lisse le paysage. De la maison je regarde les ocres et les rouges qui éclaboussent le jardin. Pas envie de sortir, juste une envie de tanière, de cocon chaud et minuscule dans lequel me lover. Pour l'heure mon atelier fait office de tanière. J'ai changé quelques photos sur les murs, accroché les prochains exercices d'aquarelle pour mes élèves, posé près de moi quelques images reçues cet été. Tout à l'heure un des enfants m'aidera à remettre en place le grand tapis du salon, roulé et enlevé pour l'été. C'est mon chien qui va être content, qui pourra retrouver ses siestes de la mi-journée sur son tapis préféré. Envie d'un feu dans le poêle aussi, non pas qu'il fasse froid, mais pour le craquement du bois, pour la couleur des flammes, pour ce parfum de bois et d'automne qui se glissera dans toute la maison. Envie de pleurer aussi. Comme si quitter cet été meurtrier était un nouvel adieu, comme si entrer dans cette première saison que Guilhem ne verra pas était une séparation supplémentaire. C'est pourtant juste un jour de plus, quelques minuscules miettes de temps, quelques poussières, un souffle tiède.