Peindre partout...
En tant que peintre, que croqueuse, qu'aquarelliste, je vois souvent des gens venir jeter un oeil sur ce que je fais, venir discuter un peu ou même me lancer un sourire en passant. Dans les fêtes, les concerts où je dessine, on m'offre souvent un verre ou un café. A l'aéroport de Marrakech j'ai trompé mon attente en dessinant les policiers qui faisaient les cent pas et leur ai demandé de m'écrire un mot sur mon croquis, ce qu'ils ont fait avec beaucoup de gentillesse et de bonne humeur. Parce que le dessin est un liant, parce que quelqu'un qui dessine dans la rue semble sympathique, parce qu'on a besoin, envie, de parler à l'inconnu, comme ça, deux mots en passant. A Nice, dessiner dehors, ça s'appelle "embarras d'une voie publique par dépôt sans nécessité d'objets ou matériaux encombrant la voie publique". 135 euros d'amende. Ce n'est pas une blague. Du coup je poste ce croquis réalisé tout à l'heure dans la touffeur d'une "teuf" où je suis allée dessiner, au fin fond de ma Bretagne. Parce que dessiner un truc "pas tout à fait" légal je ne l'avais pas encore fait. Assise dans un coin, tranquillou avec mes pinceaux, j'ai passé un bon moment...
Et si peindre en plein air est désormais illégal, les toiles peintes hors atelier doivent l'être aussi, au moins comme "incitations à la débauche". Allez hop les grands musées du monde, décrochez-moi tous les Van Gogh, les Renoir, les Monet, les Manet, enlevez-moi de vos murs les Pissaro, les Sisley, les Degas. Renoir et Monet peignant côte à côte sur l'île de Croissy ? Contravention ! Van Gogh posant son chevalet dans les rues d'Auvers-sur-Oise ? Contravention ! Pissaro et Sisley dessinant ensemble dans les rues de Pontoise ? Et Gauguin, et Bazille, et Corot ? Virez-moi ces délinquants qui attentent à l'ordre public, du balai, oust !