vert
J'ai goûté le bonheur du soleil sur mes bras nus, du soleil derrière mes paupières, j'ai goûté le parfum de l'herbe coupée, celui du feu de bois dans le jardin qui efface l'hiver lorsque brûlent les branches cassées par les dernières tempêtes. Soleil, douceur infinie de l'air dans lequel se poursuivaient des papillons grisés. J'ai ouvert mes yeux, mes bras, et chaque pore de ma peau pour m'emplir de ces délices inattendus. Quelques jours de printemps, offerts là et jetés dans nos mains ouvertes comme autant de cadeaux précieux. La page se referme de ces deux semaines où les enfants sont allés, venus, partis et revenus, de ces deux semaines où, sans être tout à fait en vacances je l'étais quand même un peu et ai engrangé la force puisée dans cet avant-goût de printemps. Je me suis promenée dans le jardin, ai rêvé d'un gris anthracite pour le petit portail en bois, et peut-être d'un rose fuschia pour la façade du cabanon. J'ai rêvé, comme à chaque printemps, me suis laissée griser par toute cette lumière, tout ce vert, laissé monter en moi l' euphorie.