la sciure blonde
Après la douceur de l'aquarelle, de l'eau claire, du tracé souple sur le papier, j'ai eu envie de bouger, de sortir un peu. L'après-midi s'étirait, entre gris et bleu, et l'air était bien plus doux qu'avant. J'ai troqué mes ballerines pour les grosses chaussettes de laine et les bottes, ai enfilé un gros pull, les mitaines de l'amie québecoise et suis sortie couper du bois. Je n'imaginais pas, il y a deux ans, lorsque je me suis trouvée face à ce problème de la gestion de mon bois de chauffage, que j'allais prendre autant de plaisir à ranger les buches et à apprendre le maniement de la tronçonneuse. Il y a cette odeur un peu fumée du bois découpé, la sciure blonde qui vole autour de moi, et puis, surtout, cette satisfaction intense, cette jubilation à maîtriser, à faire moi-même. C'est le même bonheur que celui de manger ce qu'on a fait pousser, peut-être même plus intense. Et le fait de n'avoir de maison chaude que si je m'en occupe physiquement me rend la tièdeur de la maison infiniment plus précieuse. Je suis responsable de cette tiédeur, de ce bien-être, j'en ai la charge, une charge joyeusement acceptée parce qu'elle est la vie même...