jaune paille et gris tourterelle
En rentrant de la ville j'étais fatiguée. Tout ce bruit, tout ce monde. J'avais trouvé ce qu'il me fallait pour décorer mes stands des marchés de Noël et pour réparer les mille petites choses en attente un peu partout dans la maison, j'avais profité d'une terrasse de café ensoleillée devant la cathédrale pour jeter les bases d'une nouvelle organisation dans mon petit carnet de moleskine, j'avais même fait un détour par ce nouveau magasin de décoration dédié tout entier à la cuisine. Dans le silence de la voiture, je traversais le paysage en réalisant, une fois de plus, à quel point j'ai besoin de nature autour de moi et combien il me serait impossible de vivre entre les quatre murs d'un appartement. Et puis j'ai du m'arrêter, là, soudain, à l'entrée d'un champ. Il fallait que je m'arrête pour m'imprégner du spectacle inouï qui s'offrait pour quelques minutes. Le soleil très bas s'enfonçait dans une brume jaune paille au-dessus des prés. L'horizon était à peine esquissé en gris tourterelle. Jaune et gris, avec un parfum d'herbe mouillée. Je suis restée là, immobile, juste à regarder alors que, tout doucement, la parfaite harmonie glissait déjà et s'éteignait.