bourse aux livres
Le lycée grouillait d'adolescents, élèves blasés, futurs élèves anxieux. Nous venions vendre les livres de Paul et acheter ceux nécessaires à sa 1ère L, je feuilletais les volumes et les trouvais d'une tristesse inouïe, tous semblables, couleurs criardes, graphisme sans âme, n'appelant ni la main ni l'envie. Je pensais alors à tous ces livres achetés pour une couverture irrésistible, beaux objets en soi, et rêvais à des élèves ouvrant leurs manuels pour le plaisir de l'oeil, la jouissance de se promener et se laisser entraîner dans ce monde qu'est un livre. Nous en sommes si loin, et dans le lourd manuel de français qui va accompagner Paul jusqu'au bac je retrouvais ces auteurs que j'aime tant, étouffés, pétrifiés, statufiés, morts, si morts. Nul bonheur de lire, juste un ennui profond.