Après la tempête
Ce matin, avant même d'ouvrir les yeux, j'ai écouté le silence, le presque silence revenu. Hier soir encore, à la nuit tombée, la tempête était là, enveloppant la maison, une vraie tempête d'hiver rageuse et triomphante, une tempête contre laquelle on ne peut rien faire, seulement attendre, faire le dos rond, se pelotonner, écouter la maison craquer. Elle en a vu d'autres, des tempêtes, roder autour de ses lourds murs de granit, chercher la faille, le volet mal accroché. Et ce matin est un matin d'après-tempête, celui ou le ciel, lavé à grande eau, étale son bleu de cristal et bouscule de petits nuages inoffensifs. On s'habille, on sort faire le tour du jardin. Quelques branches cassées autour du vieux noyer, une tente, laissée par les garçons, a largué les amarres et traversé tout le jardin pour s'encastrer dans la haie du potager. Rien de bien grave, voici un autre jour.