Recensement
Depuis deux semaines je redécouvre ma commune. Ayant accepté de faire le recensement je marche de longs en large, m'imprégnant de l'atmosphère particulière de chaque rue, traversant chaque jardin (les jonquilles en fleurs du petit bois de Jean, qui doivent bien souffrir en ce matin glacial), entrant dans chaque maison. On me reçoit bien, m'offre souvent un café, on discute un moment, surtout chez les anciens, ravis de la visite. Il y a ceux qui sont là depuis toujours, n'ayant jamais quitté ce petit bout de Bretagne et me parlant, entre deux questions, de leur village qu'ils ne reconnaissent plus. Et puis les autres, venus du vaste monde, amenés là par un vent capricieux, les Maliens, Portugais, Roumains, Centrafricains, qui ont recréé là un petit bout de chez eux et m'ouvrent grande leur porte et leur intimité chaleureuse. Chez eux, souvent, les enfants servent de traducteurs, et il n'est pas rare qu'une grappe d'enfants hauts comme trois pommes m'entoure et m'accompagne pour expliquer aux adultes qu'il y a des papiers à remplir... Il y a là tant d'histoires, tant de tracés de vie que j'aimerais rester encore un peu, rester écouter ces vies qui se racontent. Mais d'autres histoires m'attendent, d'autres rencontres à la porte à côté...