les pieds dans l'eau
Il y a déjà un moment que notre école est devenue buissonnière, et elle le restera sans doute tant que les beaux jours seront là, tant que le soleil, se levant, nous appelera dehors : chaque matin nous laissons entre eux à la maison Pythagore, la surface du cercle, les grands héros de l'histoire de France et partons chercher le hérisson, le renardeau, dessiner le colvert au bord de l'étang, goûter le parfum de gomme du bourgeon poisseux, la violette cachée dans le bois. Jours qui filent. Aucune culpabilité, car il y a autant à apprendre dehors que dedans, et le bonheur profond d'être là, dehors, à enfiler les bottes pour remonter le ruisseau, à patauger, à rêvasser sur le talus herbeux, à souffler le pissenlit et suivre des yeux les petites graines et leur parachute, ne peut attendre ni se remettre à plus tard. Etre ensemble, simplement. Et puis décider, en observant la danse des tétards dans un trou d'eau que voilà, nous sommes en vacances, même si le calendrier scolaire dit le contraire. Et se moquer du calendrier.